Colmar, paroisses luthériennes : Différence entre versions

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==Présentation==
 
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==Historique==
 
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* '''Colmar'''
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À la fin du Moyen Âge, la ville libre impériale de Colmar - l'une des villes de la Décapole*, créée en 1354 - était la plus importante en Alsace, entre Strasbourg et Bâle. Elle avait des atouts économiques importants, grâce à sa situation géographique sur un axe Nord-Sud joignant les villes italiennes aux pays ffamands ; d'Est en Ouest, elle reliait les pays du Danube à la Lorraine et aux foires de Champagne. À l'aspect économique de la cité s'ajoutait un rayonnement religieux et artistique incontestable, grâce aux nombreux couvents et églises. La ville comptait une église collégiale, l'église et le couvent des Dominicains (actuelle bibliothèque municipale), l'église et le couvent des Franciscains (actuelle église protestante), les Dominicaines d'Unterlinden (aujourd'hui musée), les Dominicaines de Sainte-Catherine (maintenant lieu de conférences et de concerts), le couvent des Augustins (devenu maison d'arrêt à la Révolution), la commanderie des chevaliers de St. Jean, le prieuré St. Pierre ...
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L'art d'inspiration religieuse offrait une diversité remarquable dans l'architecture, la sculpture, le vitrail, la peinture, la gravure, les arts mineurs (Gaspard Issenmann, Martin Schongauer). Aux 15e et 16e siècles, l'Église imprègne le monde de la foi et de l'intelligence, puis son emprise s'étiole au contact de l'Humanisme et de la Réforme.
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Si la Réforme n'a été introduite que tardivement à Colmar, sa préparation fut longue. Farkall et Grüninger imprimaient les écrits de Luther* dès 1522 et les habitants, sensibles aux thèses luthériennes, se rendaient dès 1535 au culte à Horbourg, possession wurtembergeoise. Le magistrat de Colmar interdit ces excursions dominicales, mais s'éleva en même temps contre les polémiques antiprotestantes du prieur des Augustins. Après de longues tergiversations, le magistrat. qui avait tenté de satisfaire les deux parties, accepta finalement la demande des protestants et autorisa la création d'une paroisse de la Confession di'\ugsbourg en affectant en 1575 l'ancienne église des Franciscains au culte protestant. Cette église était fermée depuis qu'en 1541 tous les frères mineurs avaient donné leur vie en soignant les malades de la peste. Contrairement à ce qui s'est passé ailleurs, la Réforme n'a pas été introduite à Colmar par la volonté d'un prince, ni par un magistrat unanime, mais elle a été le fruit d'initiatives d'une partie de la population qui a adhéré progressivement aux idées nouvelles, à savoir les strates dirigeantes avec la majeure partie du magistrat. Le protestantisme colmarien n'a pas été marqué non plus par une personnalité qui lui aurait imposé une tendance théologique excfusive ; dès 1575, il était empreint de tolérance. Les premiers pasteurs avaient étudié à Bâle, on chantait les cantiques de Strasbourg et les Psaumes, on utilisait la liturgie wurtembergeoise et on refusa de signer la Formule de Concorde* qui condamnait les réformés. Conscients de l'importance de l'éducation, les protestants créèrent en 1604 une école ; on y enseignait le latin, le grec et, pour les futurs théologiens, l'hébreu.
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Mais les protestants colmariens ne furent pas récompensés pour leur esprit de tolérance: en 1627. l'empereur Ferdinand Il ordonna la fermeture de l'Église protestante, le bannissement des pasteurs et l'abjuration ou l'émigration des protestants. Beaucoup émigrèrent à Mulhouse, à Bâle ou dans les terres wurtembergeoises. Cette recatholicisation fut cependant de courte durée. L'occupation par les armées suédoises renversa la situation en 1632 : l'Église protestante fut réouverte et le protestantisme colmarien devint officiellement luthérien, mais il resta ouvert aux diverses tendances et ne porta pas atteinte au culte catholique. Le traité de Westphalie* consolida les libertés et le Conseil de la ville resta protestant jusqu'à l'incorporation de Colmar à la France, en 1679.
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Aujourd'hui, Colmar est à la fois une seule paroisse et un consistoire* de /'ECAAL, aménagé en secteurs, qui possèdent chacun son propre lieu de culte. En 1967. le consistoire a décidé de leur donner les noms des quatre évangélistes. Les secteurs définissent, chacun à sa manière, les objectifs poursuivis.
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Les quatre secteurs de la paroisse fonctionnent à la fois en pleine indépendance, par couples de deux (St. Luc et St. Matthieu, St. Marc et St. Jean) et tous ensemble: fêtes et cultes communs, animation missionnaire, conférences, etc.
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* '''SAINT-MATTHIEU'''
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L'ancienne église des Franciscains, Grand-Rue, datant des 13e et 14e siècles, est imposante par ses dimensions. Son architecture de type basilical, sans transept, est en accord parfait avec l'esprit de l'ordre mendiant fondateur qui subordonne la structure des espaces à son utilisation : une nef centrale avec deux nefs collatérales à plafond plat (halle), des fenêtres hautes dans la nef pour bien éclairer le sanctuaire, deux rangées de 8 piliers octogonaux, un jubé voûté d'ogives qui s'ouvre par un arc triomphal sur le chœur en croisées d'ogives. L'édifice possédait sans doute très peu de vitraux historiés (pauvreté oblige), mais il subsiste dans la nef un magnifique vitrail représentant le Christ en croix, entre Marie et Jean, datant de 1480 et attribué au maître verrier Peter Hemmel, dit Pierre d'Andlau, ainsi qu'une petite crucifixion d'époque romane, intégrée dans un ensemble plus récent.
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La construction de tribunes tout autour de la nef, à la fin du 17e siècle, fut « l'apport protestant» à cette architecture d'origine. Elles sont ornées de 50 tableaux datant de 1708, illustrant des textes bibliques.
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L'orgue d'André Silbermann date de 1732, et le Christ en croix du jubé est de la fin du 17e siècle.
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Le chœur fut attribué aux catholiques pour servir de chapelle à l'hôpital (ancien couvent des Franciscains) et l'arc triomphal fut muré en 1715. Les deux clochers rappellent cette séparation de l'église en simultaneum* qui a duré jusqu'en 1936, où le chœur a été restitué aux protestants. Les récents travaux de restauration (1982-1998) ont débuté par la réouverture de l'arc triomphal. Un culte œcuménique, la création d'un Te Deum et une exposition ont célébré en 1992 le r centenaire de ce bâtiment vénérable. Le culte inaugural de l'église restaurée, avec la création d'un Magnificat, eut lieu en 1998.
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À côté de l'église, sur l'ancien cimetière franciscain, s'élève le bâtiment des Arcades, construit en 1606 pour loger les pasteurs. Cette magnifique bâtisse Renaissance a servi pendant deux siècles de presbytère. Le gymnase protestant, construit par le même architecte que la maison des Arcades en 1604, a été démoli en 1865.
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Depuis 1825, le cœur de Jean Rapp (1771-1821), lieutenant-générai, aide de camp de Napoléon, comte d'Empire, membre du Consistoire luthérien de Paris, est conservé dans un écrin en argent à l'église St. Matthieu. Sa statue, sculptée par Bartholdi, domine la place Rapp du Champ de Mars.
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* '''SAINT-MARC'''
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La petite chapelle, rue de la Forge, a été érigée en 1894 sur un terrain offert à la paroisse par les industriels Scheurer, en annexe de l'église protestante du centre-ville, pour faciliter la fréquentation du culte aux ouvriers des usines Haussmann, Herzog, Scheurer... du Logelbach. Dans le jardinet devant la chapelle se dresse un petit campanile, ajouté en 1960.
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* '''SAINT-JEAN'''
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Depuis 1966, l'église, avenue de Rome, remplace une chapelle provisoire dans ce quartier Ouest de la ville, au cœur de la nouvelle cité (ZUP). Actuellement, St. Jean a pour ambition de répondre de manière plus significative à l'interpellation du monde du travail. L'église est le siège de nombreuses rencontres interconfessionnelles et ses membres travaillent en étroite collaboration avec les différentes instances du quartier. Dans les locaux du sous-sol,
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la paroisse de Colmar propose aux habitants du quartier un certain nombre d'activités de «mission urbaine» : équipe ouvrière protestante, club d'enfants, antennes du Comité chrétien de solidarité avec les chômeurs et de la Croix Bleue ... Léquipe offre ainsi un lieu d'expression de projets et d'espérances.
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* '''SAINT-LUC'''
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Édifiée en 1969 lors de l'explosion démographique des années 1960, cette chapelle, située au Nord-Est de la ville, rue d'Ostheim, était destinée à accueillir les paroissiens du quartier dit du « Ladhof ». Vers l'année 2000, des travaux de rénovation devenant indispensables, la paroisse de Colmar souhaitait se défaire de cet édifice pour des raisons matérielles, au bénéfice du futur Centre Théodore Monod. La vente a pu avoir lieu en 2003 : la chapelle est maintenant propriété de la communauté colmarienne de l'Église de Dieu (pentecôtiste), membre de la Fédération Protestante de France. Le secteur de St. Luc est toujours desservi par le pasteur qui habite le presbytère.
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* '''LE CENTRE THEODORE MONOD'''
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En synergie avec l'ensemble de l'ECAAL* et particulièrement avec le consistoire de Colmar, l'association CAMPUS, Aumônerie protestante des lycées et des étudiants de Colmar, a réalisé en 2004 la construction du Centre Théodore Monod, 11 rue Gutenberg. Ce lieu d'animation et de formation jeunesse s'articule autour de 4 axes majeurs:
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- Accueil quotidien de lycéens et d'étudiants: lieu de vie, d'écoute et d'accompagnement.
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- Formation, favorisée par la présence du CPCV, Comité protestant des centres de vacances (voir page 161) : stages BAFA (brevet d'aptitude à la fonction d'animateur), formation de délégués de classe, suivi et soutien scolaire pour élèves en difficultés ...
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- Collaboration entre les différents mouvements de jeunesse de l'inspection* de Colmar: création d'un lieu de ressource pour les pasteurs et les paroisses concernées par le travail auprès des jeunes,
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- Centre de rencontre pour les jeunes de la paroisse protestante de Colmar.
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* '''Personnalités'''
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'''Théophile Conrad Pfeffel''' (1736-1809), écrivain et poète, devenu aveugle à l'âge de 23 ans, fondateur d'une Académie militaire pour jeunes gens protestants et de la Société de lecture, a été président du Consistoire de Colmar et membre du Directoire* de l'Église luthérienne. Son buste, copie d'un original en marbre du Musée Unterlinden, destiné au roi Louis 1 de Bavière, est exposé à l'église St. Matthieu. On trouve une statue de Pfeffel dans un square, à côté de l'ancien palais du Conseil souverain (Tribunal d'instance), près de sa maison natale. Il fait partie d'une famille protestante d'origine badoise, installée à Colmar. Son père, Jean Conrad (1682-1738), a été jurisconsulte du roi et stettmeister* de 1727 à sa mort. Son frère Chrétien Frédéric (1726-1807) a été diplomate au service de la France.
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Dans le domaine économique, il convient de mentionner '''la dynastie des Haussmann''', fondateurs d'une entreprise textile en 1775 et celle des '''Kiener''', fondateurs d'un tissage de coton, en particulier André (1859-1928), principal homme d'affaires de Colmar entre 1900 et 1928 et membre du Consistoire de l'Église luthérienne.
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'''Auguste Bartholdi''' (1834-1904), sculpteur colmarien protestant, est surtout connu pour son œuvre majeure : la statue de «la liberté éclairant le monde» à New-York. Le musée qui lui est consacré à Colmar, dans sa maison natale, expose l'ensemble de ses œuvres. À l'église St. Matthieu, on conserve le buste en marbre de son ami Jean-Daniel Hanhardt, bienfaiteur de la paroisse, buste réalisé par Bartholdi.
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===Bibliographie===
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Protestants d'Alsace et de Moselle : lieux de mémoire et de vie / sous la dir. d'Antoine Pfeiffer.- Ingersheim : Saep ; Strasbourg : Oberlin, 2006
  
 
==Site Internet==
 
==Site Internet==

Version actuelle en date du 26 octobre 2012 à 18:07

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Paroisse luthérienne Saint Mattieu, Colmar
France France
  • Dénomination : Luthérienne
  • Membre de : Eglise Protestante de la Confession d'Augsbourg d'Alsace et de Lorraine (EPCAAL)
  • Inspection de : Colmar
  • Consistoire de : Colmar
Lieu de culte
  • Ville : Colmar
  • Adresse : Grand Rue
  • Coordonnées géographiques : 48°04'40" N, 7°21'39" E
Contacts
  • Pasteur(s) : Marc FRITSCH
  • Téléphone : 03.89.41.59.42
  • Mail(s) : ...
  • Site Internet : ...



Présentation

Paroisse luthérienne de Colmar, 1 Place du 2 février 68000 Colmar

La paroisse luthérienne Colmar est membre de

  • l'EPCAAL (Eglise Protestante de la Confession d'Augsbourg d'Alsace et de Lorraine)
  • elle-même membre de l'UEPAL (Union des Eglises Protestantes d'Alsace et de Lorraine).


Lieux de culte

  • Colmar, Saint Matthieu, Grand'Rue
  • Colmar, Saint Jean, 7a Avenue de Rome
  • Colmar, Saint Marc, 1 rue de la Forge

Historique

  • Colmar

À la fin du Moyen Âge, la ville libre impériale de Colmar - l'une des villes de la Décapole*, créée en 1354 - était la plus importante en Alsace, entre Strasbourg et Bâle. Elle avait des atouts économiques importants, grâce à sa situation géographique sur un axe Nord-Sud joignant les villes italiennes aux pays ffamands ; d'Est en Ouest, elle reliait les pays du Danube à la Lorraine et aux foires de Champagne. À l'aspect économique de la cité s'ajoutait un rayonnement religieux et artistique incontestable, grâce aux nombreux couvents et églises. La ville comptait une église collégiale, l'église et le couvent des Dominicains (actuelle bibliothèque municipale), l'église et le couvent des Franciscains (actuelle église protestante), les Dominicaines d'Unterlinden (aujourd'hui musée), les Dominicaines de Sainte-Catherine (maintenant lieu de conférences et de concerts), le couvent des Augustins (devenu maison d'arrêt à la Révolution), la commanderie des chevaliers de St. Jean, le prieuré St. Pierre ...

L'art d'inspiration religieuse offrait une diversité remarquable dans l'architecture, la sculpture, le vitrail, la peinture, la gravure, les arts mineurs (Gaspard Issenmann, Martin Schongauer). Aux 15e et 16e siècles, l'Église imprègne le monde de la foi et de l'intelligence, puis son emprise s'étiole au contact de l'Humanisme et de la Réforme.

Si la Réforme n'a été introduite que tardivement à Colmar, sa préparation fut longue. Farkall et Grüninger imprimaient les écrits de Luther* dès 1522 et les habitants, sensibles aux thèses luthériennes, se rendaient dès 1535 au culte à Horbourg, possession wurtembergeoise. Le magistrat de Colmar interdit ces excursions dominicales, mais s'éleva en même temps contre les polémiques antiprotestantes du prieur des Augustins. Après de longues tergiversations, le magistrat. qui avait tenté de satisfaire les deux parties, accepta finalement la demande des protestants et autorisa la création d'une paroisse de la Confession di'\ugsbourg en affectant en 1575 l'ancienne église des Franciscains au culte protestant. Cette église était fermée depuis qu'en 1541 tous les frères mineurs avaient donné leur vie en soignant les malades de la peste. Contrairement à ce qui s'est passé ailleurs, la Réforme n'a pas été introduite à Colmar par la volonté d'un prince, ni par un magistrat unanime, mais elle a été le fruit d'initiatives d'une partie de la population qui a adhéré progressivement aux idées nouvelles, à savoir les strates dirigeantes avec la majeure partie du magistrat. Le protestantisme colmarien n'a pas été marqué non plus par une personnalité qui lui aurait imposé une tendance théologique excfusive ; dès 1575, il était empreint de tolérance. Les premiers pasteurs avaient étudié à Bâle, on chantait les cantiques de Strasbourg et les Psaumes, on utilisait la liturgie wurtembergeoise et on refusa de signer la Formule de Concorde* qui condamnait les réformés. Conscients de l'importance de l'éducation, les protestants créèrent en 1604 une école ; on y enseignait le latin, le grec et, pour les futurs théologiens, l'hébreu.

Mais les protestants colmariens ne furent pas récompensés pour leur esprit de tolérance: en 1627. l'empereur Ferdinand Il ordonna la fermeture de l'Église protestante, le bannissement des pasteurs et l'abjuration ou l'émigration des protestants. Beaucoup émigrèrent à Mulhouse, à Bâle ou dans les terres wurtembergeoises. Cette recatholicisation fut cependant de courte durée. L'occupation par les armées suédoises renversa la situation en 1632 : l'Église protestante fut réouverte et le protestantisme colmarien devint officiellement luthérien, mais il resta ouvert aux diverses tendances et ne porta pas atteinte au culte catholique. Le traité de Westphalie* consolida les libertés et le Conseil de la ville resta protestant jusqu'à l'incorporation de Colmar à la France, en 1679.

Aujourd'hui, Colmar est à la fois une seule paroisse et un consistoire* de /'ECAAL, aménagé en secteurs, qui possèdent chacun son propre lieu de culte. En 1967. le consistoire a décidé de leur donner les noms des quatre évangélistes. Les secteurs définissent, chacun à sa manière, les objectifs poursuivis. Les quatre secteurs de la paroisse fonctionnent à la fois en pleine indépendance, par couples de deux (St. Luc et St. Matthieu, St. Marc et St. Jean) et tous ensemble: fêtes et cultes communs, animation missionnaire, conférences, etc.

  • SAINT-MATTHIEU

L'ancienne église des Franciscains, Grand-Rue, datant des 13e et 14e siècles, est imposante par ses dimensions. Son architecture de type basilical, sans transept, est en accord parfait avec l'esprit de l'ordre mendiant fondateur qui subordonne la structure des espaces à son utilisation : une nef centrale avec deux nefs collatérales à plafond plat (halle), des fenêtres hautes dans la nef pour bien éclairer le sanctuaire, deux rangées de 8 piliers octogonaux, un jubé voûté d'ogives qui s'ouvre par un arc triomphal sur le chœur en croisées d'ogives. L'édifice possédait sans doute très peu de vitraux historiés (pauvreté oblige), mais il subsiste dans la nef un magnifique vitrail représentant le Christ en croix, entre Marie et Jean, datant de 1480 et attribué au maître verrier Peter Hemmel, dit Pierre d'Andlau, ainsi qu'une petite crucifixion d'époque romane, intégrée dans un ensemble plus récent. La construction de tribunes tout autour de la nef, à la fin du 17e siècle, fut « l'apport protestant» à cette architecture d'origine. Elles sont ornées de 50 tableaux datant de 1708, illustrant des textes bibliques.

L'orgue d'André Silbermann date de 1732, et le Christ en croix du jubé est de la fin du 17e siècle.

Le chœur fut attribué aux catholiques pour servir de chapelle à l'hôpital (ancien couvent des Franciscains) et l'arc triomphal fut muré en 1715. Les deux clochers rappellent cette séparation de l'église en simultaneum* qui a duré jusqu'en 1936, où le chœur a été restitué aux protestants. Les récents travaux de restauration (1982-1998) ont débuté par la réouverture de l'arc triomphal. Un culte œcuménique, la création d'un Te Deum et une exposition ont célébré en 1992 le r centenaire de ce bâtiment vénérable. Le culte inaugural de l'église restaurée, avec la création d'un Magnificat, eut lieu en 1998.

À côté de l'église, sur l'ancien cimetière franciscain, s'élève le bâtiment des Arcades, construit en 1606 pour loger les pasteurs. Cette magnifique bâtisse Renaissance a servi pendant deux siècles de presbytère. Le gymnase protestant, construit par le même architecte que la maison des Arcades en 1604, a été démoli en 1865.

Depuis 1825, le cœur de Jean Rapp (1771-1821), lieutenant-générai, aide de camp de Napoléon, comte d'Empire, membre du Consistoire luthérien de Paris, est conservé dans un écrin en argent à l'église St. Matthieu. Sa statue, sculptée par Bartholdi, domine la place Rapp du Champ de Mars.


  • SAINT-MARC

La petite chapelle, rue de la Forge, a été érigée en 1894 sur un terrain offert à la paroisse par les industriels Scheurer, en annexe de l'église protestante du centre-ville, pour faciliter la fréquentation du culte aux ouvriers des usines Haussmann, Herzog, Scheurer... du Logelbach. Dans le jardinet devant la chapelle se dresse un petit campanile, ajouté en 1960.

  • SAINT-JEAN

Depuis 1966, l'église, avenue de Rome, remplace une chapelle provisoire dans ce quartier Ouest de la ville, au cœur de la nouvelle cité (ZUP). Actuellement, St. Jean a pour ambition de répondre de manière plus significative à l'interpellation du monde du travail. L'église est le siège de nombreuses rencontres interconfessionnelles et ses membres travaillent en étroite collaboration avec les différentes instances du quartier. Dans les locaux du sous-sol, la paroisse de Colmar propose aux habitants du quartier un certain nombre d'activités de «mission urbaine» : équipe ouvrière protestante, club d'enfants, antennes du Comité chrétien de solidarité avec les chômeurs et de la Croix Bleue ... Léquipe offre ainsi un lieu d'expression de projets et d'espérances.

  • SAINT-LUC

Édifiée en 1969 lors de l'explosion démographique des années 1960, cette chapelle, située au Nord-Est de la ville, rue d'Ostheim, était destinée à accueillir les paroissiens du quartier dit du « Ladhof ». Vers l'année 2000, des travaux de rénovation devenant indispensables, la paroisse de Colmar souhaitait se défaire de cet édifice pour des raisons matérielles, au bénéfice du futur Centre Théodore Monod. La vente a pu avoir lieu en 2003 : la chapelle est maintenant propriété de la communauté colmarienne de l'Église de Dieu (pentecôtiste), membre de la Fédération Protestante de France. Le secteur de St. Luc est toujours desservi par le pasteur qui habite le presbytère.

  • LE CENTRE THEODORE MONOD

En synergie avec l'ensemble de l'ECAAL* et particulièrement avec le consistoire de Colmar, l'association CAMPUS, Aumônerie protestante des lycées et des étudiants de Colmar, a réalisé en 2004 la construction du Centre Théodore Monod, 11 rue Gutenberg. Ce lieu d'animation et de formation jeunesse s'articule autour de 4 axes majeurs:

- Accueil quotidien de lycéens et d'étudiants: lieu de vie, d'écoute et d'accompagnement.

- Formation, favorisée par la présence du CPCV, Comité protestant des centres de vacances (voir page 161) : stages BAFA (brevet d'aptitude à la fonction d'animateur), formation de délégués de classe, suivi et soutien scolaire pour élèves en difficultés ...

- Collaboration entre les différents mouvements de jeunesse de l'inspection* de Colmar: création d'un lieu de ressource pour les pasteurs et les paroisses concernées par le travail auprès des jeunes,

- Centre de rencontre pour les jeunes de la paroisse protestante de Colmar.


  • Personnalités

Théophile Conrad Pfeffel (1736-1809), écrivain et poète, devenu aveugle à l'âge de 23 ans, fondateur d'une Académie militaire pour jeunes gens protestants et de la Société de lecture, a été président du Consistoire de Colmar et membre du Directoire* de l'Église luthérienne. Son buste, copie d'un original en marbre du Musée Unterlinden, destiné au roi Louis 1 de Bavière, est exposé à l'église St. Matthieu. On trouve une statue de Pfeffel dans un square, à côté de l'ancien palais du Conseil souverain (Tribunal d'instance), près de sa maison natale. Il fait partie d'une famille protestante d'origine badoise, installée à Colmar. Son père, Jean Conrad (1682-1738), a été jurisconsulte du roi et stettmeister* de 1727 à sa mort. Son frère Chrétien Frédéric (1726-1807) a été diplomate au service de la France.

Dans le domaine économique, il convient de mentionner la dynastie des Haussmann, fondateurs d'une entreprise textile en 1775 et celle des Kiener, fondateurs d'un tissage de coton, en particulier André (1859-1928), principal homme d'affaires de Colmar entre 1900 et 1928 et membre du Consistoire de l'Église luthérienne.

Auguste Bartholdi (1834-1904), sculpteur colmarien protestant, est surtout connu pour son œuvre majeure : la statue de «la liberté éclairant le monde» à New-York. Le musée qui lui est consacré à Colmar, dans sa maison natale, expose l'ensemble de ses œuvres. À l'église St. Matthieu, on conserve le buste en marbre de son ami Jean-Daniel Hanhardt, bienfaiteur de la paroisse, buste réalisé par Bartholdi.


Bibliographie

Protestants d'Alsace et de Moselle : lieux de mémoire et de vie / sous la dir. d'Antoine Pfeiffer.- Ingersheim : Saep ; Strasbourg : Oberlin, 2006

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