Apocalypse
L'apocalypse, dernier livre de la Bible, écrit par Jean, jouit d'une réputation détestable : on veut généralement y trouver l'annonce prophétique des catastrophes qui annonceront la fin du monde.
C'est un total contresens. Il n'est besoin, pour s'en convaincre, que de lire les premiers mots du livre : "Apocalypse de Jésus-Christ" et, un peu plus loin : "Heureux celui qui lit (ces paroles)...".
Le livre est donc un écho de l'évangile de Jésus-Christ et c'est un message de bonheur.
Il faut pourtant reconnaitre qu'on y trouve des descriptions étonnantes et des chiffres mystérieux. Ce ne sont pas des indications codées invitant à des identifications passées, présentes ou à venir, ni à des calculs chronologiques. Il s'agit d'un langage symbolique emprunté aux prophètes de l'Ancien Testament et dont il faut saisir la signification.
Derrière les figures du dragon, des bêtes et de la grande prostituée, il faut reconnaître l'empire romain et ses prétentions à être vénéré comme une divinité. L'auteur de l'Apocalypse, qui écrit vers l'an 95, sous le règne de Domitien, dénonce le caractère satanique de ce totalitarisme idolâtre.
Face à ce pouvoir qui semble tout puissant, il y a les chrétiens que la persécution menace. Aux yeux du monde, la partie est jouée d'avance : les forces sont trop inégales.
Mais les chrétiens ont pour seul maître un Seigneur qui en donnant sa vie pour les hommes sur la croix et en ressuscitant (l'agneau immolé mais vivant), a révélé que l'amour est la puissance suprême. Dieu seul peut donner la vie éternelle. Les martyrs sont la démonstration de la vérité de cette affirmation : ils proclament que Dieu seul est seigneur et que les forces du mal sont déjà condamnées. Le jugement qui le manifestera est annoncé avec des mots et des images traditionnels : Satan sera vaincu par la force de l'évangile et les fidèles du Christ connaîtront le bonheur de vivre auprès de Dieu.
Mais ce qu'il faut bien voir, c'est que ces deux affirmations se vérifient déjà dans l'existence présente. La parole de Dieu a une efficacité qui dépasse les limitations humaines. Elle ne vieillit pas et ce qu'elle accomplit demeure à jamais : Dieu est, selon l'Apocalypse, celui qui était, qui est et qui vient.
Pierre Prigent