Jésus Christ
Sommaire
Qui est Jésus
Le Témoignage des Evangiles
Jésus, personnage de l'histoire
Les documents non chrétiens qui évoquent l'existence de Jésus de Nazareth sont rares et laconiques; ils attestent seulement le rôle religieux d'un certain Christ, qui fut exécuté comme agitateur. Tout le paradoxe de Jésus est là: il a jeté dans l'histoire des hommes une semence si petite qu'elle serait passée inaperçue si, lorsqu'elle a commencé à pousser, elle n'avait bouleversé la terre.
Le nom de Jésus est, à l'époque, usuel. C'est pourtant un nom plein de sens qui a été compris comme un programme; il signifie en effet: Dieu sauve, Dieu délivre du mal et du malheur.
L'année de la naissance de Jésus est difficile à préciser, tout autant que celle de sa mort. Les premiers chrétiens préféraient faire valoir l'importance de ces événements pour la foi plutôt que d'en rappeler la date. C'est typique pour le jour de Noël (qui signifie "jour de naissance"); il fut fixé au solstice d'hiver pour signifier la victoire de la lumière sur les ténèbres. L'an I n'a lui-même été calculé qu'au 6e siècle et il est probable que Jésus est né quelques années plus tôt. La crucifixion est fixée par beaucoup de spécialistes au mois d'avril de l'année 30, mais les estimations oscillent entre 28 et 33. C'est de toute façon un homme étonnamment jeune qui va laisser sa marque dans l'histoire du monde.
L'annonce du Règne de Dieu
Après de longues années dont nous ne savons pour ainsi dire rien, Jésus a exercé un ministère public de peu de durée, entre dix-huit mois et trois ans. Il apparaît, au début, aux côtés de Jean, dit le Baptiseur. Celui-ci était un prophète qui appelait les Juifs à se convertir, c'est à-dire à retourner à Dieu, en annonçant comme imminente l'inauguration de son règne par le jugement universel. Jésus reprend à son compte l'appel à la conversion à cause du règne de Dieu, mais avec une différence capitale: lui, Jésus, n'est pas un prophète comme les autres; il n'annonce pas un futur, même très proche comme le faisait Jean; il proclame que le règne de Dieu est bel et bien déjà là, qu'il se manifeste dans ses propres actes, ses paroles, sa personne. Et l'inouï; c'est que ce règne ne commence pas par un jugement redoutable, mais par un évangile, c'est-à-dire une bonne nouvelle: le règne du Dieu-Père est un règne d'amour.
Par ses actes et ses paroles, Jésus montre ce que cela signifie. Il proclame dans les Béatitudes la délivrance de tous les malheureux et il multiplie de fait les délivrances, les unes intérieures (le pardon des pécheurs, la paix des angoissés, l'éveil de l'amour du prochain dans les coeurs - pensons à la parabole du bon Samaritain) et les autres corporelles (guérisons de malades, distribution du pain aux affamés). Le jugement prévu par Jean n'a pas pour autant disparu de l'horizon; Jésus en parle aussi. Lui-même interpelle vivement les maîtres pharisiens qui aménagent à leur idée les commandements et il s'emporte contre ceux qui utilisent la piété des autres à leur profit (expulsion des marchands du Temple). Mais ces réprimandes sont seulement l'autre face du message positif que Jésus incarne: Dieu aime, Dieu délivre. C'est pourquoi le règne de Dieu n'est pas à redouter; au contraire les disciples sont invités à prier avec confiance: "Père, que ton règne vienne!", même s'ils se savent toujours pécheurs et doivent encore demander: "Pardonne-nous; nos offenses !".
Disciples et adversaires
Quelques-uns parmi ses contemporains ont identifié Jésus comme le Messie ou le Christ. Ces deux titres ont le même sens, le premier venant de l'hébreu, le second du grec. Ils veulent dire que Jésus est celui que Dieu a appelé à être le Roi de son Règne, réalisant une promesse séculaire. Mais beaucoup ont ressenti son action et sa prédication comme subversive et certes, ce n'était pas faux. Car il mettait en question les traditions religieuses de son peuple et, plus généralement, il attaquait à la racine la prétention et l'égoïsme qui sont au fond de tout homme; il allait jusqu'à dire que chacun doit absolument renoncer à son moi, se laisser en quelque sorte crucifier, pour le suivre sur les chemins du Règne de Dieu. En effet, la proximité de Dieu dans la personne du Roi Jésus, sa présence directe (sans la médiation des docteurs ou des prêtres) rend impossible les excuses et les dérobades.
Crucifixion
On en vint donc à vouloir se débarrasser d'un Dieu devenu trop proche dans la personne de son témoin. Voyant sa fin imminente, Jésus fit partager à ses disciples la certitude que, bien loin d'être un échec et de l'éliminer du monde, sa mise à mort allait inscrire dans l'histoire le triomphe de son amour. Par le pain et le vin de la Cène donnés comme son corps et son sang, ils sauront qu'il est dorénavant pour toujours avec eux.
La croix était un supplice pratiqué couramment par les Romains; en Palestine même, on nous rapporte qu'une révolte se termina, au début du premier siècle, par 2000 crucifixions. II semble que, très peu surélevé au dessus du sol, le condamné mourrait lentement par asphyxie, à cause de la traction exercée sur les bras. Si l'on vint à parler de sacrifice et du pardon acquis par le sang du Christ, ce fut par assimilation avec les rites pratiqués par les Juifs dans le Temple de Jérusalem. Beaucoup de réflexions se développèrent en effet à partir de l'Ancien Testament; on découvrait que Jésus avait "accompli", c'est-à-dire porté à leur niveau le plus haut les valeurs révélées au peuple d'Israël.
Résurrection
Tout ne se termine pas ainsi. La fin de Jésus est présentée par les évangiles aussi bien que son origine sous des aspects qui déconcertent la raison: conception virginale et découverte du tombeau vide donnent un cadre miraculeux à une vie qui, de la naissance à la mort, connaît les limites de l'humanité: faim, fatigue, émotion... N'ayons pas honte d'avouer notre trouble parce que notre raison est déconcertée; il nous est rapporté que les premiers témoins furent eux-mêmes surpris et que certains eurent des doutes. Dans l'un et l'autre cas, il fallut même qu'intervienne un ange, autrement dit un messager personnel de Dieu, pour donner un sens à l'événement. On peut ainsi approcher du mystère de la personne et de l'oeuvre de Jésus. La naissance virginale et la résurrection de Pâques nous ouvrent à une dimension que le ministère de Jésus, ses actions et ses paroles, nous faisaient entrevoir, c'est qu'il n'est pas un homme comme les autres: en lui, Dieu se manifeste. Les théologiens du 5è siècle formuleront cela en parlant des deux natures en Christ: vraiment homme, il était aussi vraiment Dieu.
La promesse de son règne
La Résurrection de Jésus anticipe la victoire finale que Jésus a annoncée: l'établissement de son règne dans un monde rendu conforme à l'amour et à la justice qu'il a manifestés sur la terre. Il a dit lui-même que l'échéance de cet avènement appartient à Dieu seul; avec son aide, cependant, tous ses disciples l'attendent et le préparent.
Ce texte a été rédigé par M.- A. Chevallier et édité à l'initiative de la Commission de formation biblique et théologique de l'Église de la Confession dAugsbourg et de l'Église Réformée d'Alsace et de Lorraine.